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L’HISTOIRE D’UN QUARTIER

 

Le quartier des Sables

 

L’évolution de ce quartier, depuis ma naissance, a été considérable.

 

Il est bordé au Nord par la forêt, au Sud par la ligne de chemin de fer de Paris St Lazare à Versailles Rive droite, se prolongeant maintenant jusqu’à la ville nouvelle de St Quentin en Yvelines.

A l’Est par la Sente de la Procession, à l’Ouest par l’allée et l’avenue du Belvédère, cette dernière séparant les communes de Viroflay et de Chaville.

 

ll tient son nom du sable jaune abondant descendant de la forêt et s’écoulant dans la rue des Sables par ce chemin à 10% de pente, qui s’appela tour à tour Chemin de St Germain, puis rue Antoine Herbron, et enfin rue du Colonel Fabien, au mitan de laquelle se trouve « Les Hirondelles ». La rue du Colonel Fabien relie la rue des Sables à la rue Joseph Bertrand qui borde la forêt des Fausses Reposes

 

Cette forêt doit son nom aux cerfs, biches et faons délicieux qui, poursuivis par les chasses de Louis XIV, se camouflaient dans les nombreuses excavations qui caractérisent encore aujourd’hui cette forêt, pour échapper à leurs poursuivants.

 

Quelques traits de la Révolution ferroviaire pour les habitants de Viroflay.

 

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La révolution ferroviaire fut à l’origine de la transformation des coteaux de Viroflay, dont celui plus ensoleillé de la rive droite, où se cultivaient au 18ème siècle, en « lames de parquet », fruits et légumes dont le fameux « épinard monstrueux de Viroflay », encore aujourd’hui de renommée mondiale !

 

La ligne de chemin de fer Rive droite, partant de la gare St Lazare de Paris, sur la rive droite de la seine, est concédée pour 99 ans à un particulier : Mr Fould.

 

Elle est construite sous la responsabilité de l’ingénieur Clapeiron et la ligne est inaugurée en 1839, un an avant celle de la rive gauche. La gare de Viroflay rive droite, pour sa part, est inaugurée le 18 juillet 1840

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Viroflay figurant sur le projet d’installation d’une ligne de chemin de fer Paris-Versailles eut à donner son avis sur le tracé parcellaire. Le maire fait alors remarquer : « La petite culture de Viroflay sera détruite. Les paisibles habitants qui vivaient et élevaient sur cette terre fortunée pour eux, seront expropriés sans pouvoir se replacer dans le pays qui les a vus naître. Nos plus belles propriétés vont êtres mutilées. Malheureux pays qui va être détruit par deux exploitations d’utilité publique »

 

« Le 30 novembre1837, le conseil municipal proteste à l’unanimité contre le projet de tracé de la traversée de Viroflay par le chemin de fer rive droite de Viroflay à Versailles. Le conseil prédit la ruine de la commune. La première utilité publique de la commune étant l’agriculture, les cultures seront ravagées et détruites, maraîchers et cultivateurs ruinés. Il demande que, tout au moins, les lignes du chemin de fer, tant rive droite que rive gauche, soient rejetées sous la ligne des bois, soit dans les bois eux-mêmes, pour éviter que la commune voit ses deux versants coupés en deux ou trois morceaux par les remblais de la voie ferrée et pour que soient ménagées les plus belles et les plus grandes propriétés du pays »

 

En vain, la ligne rive droite est inaugurée le 2 août 1839 et ouverte aux voyageurs le 18 juillet 1840

 

Les ennuis ne viennent pas que d’un seul coté : voici une histoire racontée par Mme Hélène de Gisors dans la Gazette de Viroflay N°10.

 

Compagnie de chemin de fer de Paris à Versailles à Mr le Maire de Viroflay :

 

« Je viens d’écrire à M. Le Préfet relativement à un fait grave qui s’est passé hier dans votre commune. M. le Curé est passé avec un convoi funèbre, à 5 heures et demi, au passage à niveau. Il a forcé l’ouverture des barrières et le convoi était signalé. C’était un convoi direct, qui portait M. Le Ministre de l’Intérieur et qui était lancé à grande vitesse. Le cantonnier a donné le signal d’arrêt, mais il ne se voit pas d’assez loin et le convoi n’aurait pas pu s’arrêter ; heureusement il est passé comme le cortège avait fini de filer.

Vous comprenez Mr le Maire, quelles auraient pu être les suites de cette infraction au règlement de police.

 

Je vous engage donc à faire entendre raison à M. Le Curé, dans l’intérêt de sa sécurité personnelle et de l’existence de vos administrés. La consigne des gardes barrières est formelle, les barrières doivent êtres fermées, aussitôt que le convoi est signalé et personne n’a le droit de le faire ouvrir, je viens de confirmer cet ordre. Nous ne sommes pas responsables de la vie de ceux qui seraient rencontrés par les convois »

 

A partir de cette révolution les propriétaires des terres cherchent à vendre par lots importants leurs terrains maraîchers bouleversés et coupés en deux .Seuls résisteront encore quelque temps les petits maraîchers, le long de la rue des Maraîchers, qui deviendra la rue des Marais et s’étendra de la pointe de Chaville  à la Croix des Reliques (Zone Artisanale actuelle).

Pour desservir les lots nouveaux sont créés des voies nouvelles qui portent souvent les noms des anciens propriétaires : Antoine ou Jules Herbron, Mailler, Julien Certain, Joseph Bertrand, sente des Sables etc.

 

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La belle époque

 

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En ce début des années 1900, le quartier, vu du Pont de Bois, qui fut construit en 1889, effectivement entièrement en bois, est une plaine, comme le dit nommément la carte postale de l’époque, envoyée par mon Père, à son frère mon oncle Eugène.

 

 

 

On y distingue seulement 3 grandes maisons construites avant l’an 1900, qui existent encore aujourd’hui.

 

Parmi celles-ci la plus proche de la forêt est la propriété « Riant Site » sente de la procession, qui me tient particulièrement à cœur pour les raisons que vous lirez plus loin.

 

La propriété s’étend sur 4000 mètres carrés et descend jusqu'à la moitié du chemin de St Germain

Au dessous se trouve le terrain Moser

 

Bordant le coté Est se trouve la propriété de Mr et Mme Pascal, avec le début du mur qui monte jusqu'à la lisière des bois. Entre la propriété et le dit chemin, sont les terres des consorts « Herbron »

 

L’ensemble des autres maisons et immeubles du quartier ont été construits après le début du 20ème siècle. Vous connaîtrez plus loin l’histoire de chacune d’elles.

 

Toute l’étendue de la plaine est alors utilisée comme terrains potagers ou comme pépinière. J’ai longtemps joué dans les sables de la pépinière à Moser de la rue Jean Charcot, dont les deux cotés sont occupés par  des plantations de jeunes et beaux arbres.

 

L’ancien terrain Moser de 4000m2 environ, occupé par les 7 jolies maisons  de l’allée des Roses (où moi, François, passant par la petite porte, qui me servira plus tard à fournir l’eau à mes voisins « Castors », je cultivais des légumes, dans la partie supérieure de l’actuelle allée), ainsi que tout le terrain de l’Immeuble « du Coteau de Viroflay » et de la large allée d’accès et des parkings de l’immeuble, étaient des jardins ouvriers, dont les familles habitaient dans les vieux immeubles de la route nationale.

 

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Ambiance de l’époque

 

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Voici la rue du Colonel Fabien, telle que je l’ai connue depuis ma naissance  en 1921 jusqu’ à sa réfection en 1972

 

 

Le ru plutôt que rue !   La haie de la famille Besnard

 

Mauricette, ma petite amie d’enfance avec laquelle nous allons vous raconter nos souvenirs, se rappelle :

« Avant la guerre 39-45, la vie du quartier est bien différente de celle de nos jours.

Les femmes restent à la maison.

Les commerçants passent dans la rue : épicier, boucher, grainetier et chaque jour, le laitier nourrisseur de la ferme de la Mare Adam de Chaville annonce son passage.

C'est un lieu de rencontre autour des voitures de livraison. Chacun raconte ses petites misères, ses joies et ses peines.

A l'époque, on ne craint pas les voleurs, tout le monde laisse ses portes ouvertes et chaque famille a son jardin potager, ses fleurs, son chien, sa basse-cour: poules, lapins, pigeons, canards »

 

Les papas de Mauricette et de François élèvent des chèvres.

 

Comme le stipule nos actes d’achat, dans la partie Origines de propriété : « chacun des propriétaires et leurs acquéreurs aura le droit de passage à tous terrains et usage à pied, à cheval avec voiture, chevaux, bestiaux, à toute heure du jour et de la nuit, sur le dit chemin de terre et dans toute son étendue »

 

C’est en vertu de leurs obligations et de leurs droits que les papas de Mauricette et de François : Maurice Boulay et Edouard Lemaire, circulent avec leurs chèvres et que le Père Vincent, maraîcher, vient faire brouter son âne dans le pré situé à l’emplacement de la Maison actuelle de la famille Garnaud.

 

 

 

Viroflay est alors un grand village. Ses origines sont controversées. Madame de Gisors, historienne de Viroflay, dont les 85 ans aujourd’hui, n’enlèvent rien de son dynamisme, nous explique que contrairement à la légende, son nom ne résulte pas  d’une transformation de la fleur : « giroflée »

Ecoutons la :

« Non loin d’une route gauloise, puis romaine, se dirigeant vers l’Ouest, il y eut une construction importante, peut être gallo-romaine, malgré le nom germain de son propriétaire : Offlein.

Les plus anciens titres qui font mention de ce lieu, lesquels sont du XIIème siècle, l’appellent : Villa Offleni ou Vil Oflen. Il est aussi écrit Vil Offrain dans un acte de 1351. On en a fait Viroflay. »

 

Avant la guerre 1914 -1918

 

Notre quartier des « Sables » est, dans les années qui précèdent la Grande Guerre de 1914/1918, composé de pépinières et de terres maraîchères, d’où, notamment la proximité de la rue des maraîchers qui deviendra la rue des Marais.

 

Les pépinières « Moser », couvrent le futur lotissement Jean Charcot. Une autre se situe dans la partie haute de la rue des Maraîchers qui, a cette époque se prolonge jusqu’à la rue Gabriel Péri. C’est à cet endroit que seront bâtis  «Les Hauts de Viroflay »

 

Sur les coteaux ensoleillés, entre la rue des Sables, la rue des Maraîchers (aujourd’hui Gallieni) et la forêt, sont cultivés les Fameux Epinards Monstrueux de Viroflay.

Rue des Sables, le coté Nord est petit à petit transformé en jardins familiaux (François louera plus tard 200 mètres dans l’Allée des Roses)

 

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Les premières maisons

 

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Les Maisons sont très rares. Deux grandes propriétés sont construites avant 1900 :

Celle de M et Mme Pascal au 25 de la rue des Sables est de la même époque son mur d’enceinte monte de la rue des sables jusqu’ la forêt

 

Disons que cette propriété déborde un peu le périmètre de la rue du Colonel Fabien et qu’elle n’est pas comprise actuellement dans notre récit

 

« Riant Site », au sommet du quartier, domine de très haut les autres constructions ; elle est construite en 1896.

 

 

Son histoire

 

Bien que située 16, Sente de la Procession, cette maison fait partie de l’histoire de notre rue du Colonel Fabien à plus d’un titre, comme nous allons le voir.

 

Au début du 20° siècle, cette villa, certainement la première du quartier, est édifiée sur le sommet du coteau ensoleillé de la Rive Droite et à l’orée de la forêt de Fausses Reposes qui arrive jusqu'à sa porte d’entrée principale. En effet, jusqu’aux années 1950, les maisons et immeubles qui se trouvent entre la Sente de la Procession et la forêt n’étaient pas construits et la maison ouvrait directement sur le bois de Fausses Reposes.

 

La Sente de la Procession, qui la sépare des arbres du bois, est étroite, et laisse seulement passer la Procession du Saint-Sacrement qui vient de l’Eglise Saint-Paul pour aller vers le reposoir dressé dans la propriété du baron des Rotours sur la route forestière, devenue rue Joseph Bertrand. François se souvient l’avoir suivie, cette procession avec l’Abbé Lefranc, curé de Saint-Paul jusqu’aux années 30. Il a bien mérité sa plaque commémorative  que François et d’autres Viroflaysiens ont demandé, et qui se trouve dans l’ancienne Eglise Saint Eustache de Viroflay.

 

La seule voie d’accès pour les charrois est le chemin de Saint-Germain, devenu la rue Antoine Herbron puis la rue du Colonel Fabien.

 

Le terrain de 2196 M², sur lequel la villa est construite, est acquis le 10 juillet 1896 par Mademoiselle Marguerite Tyken, artiste peintre, née à La Haye (Hollande en 1868). De toute évidence, la maison est terminée avant le début du siècle. Cette artiste de 28 ans lui donne le nom de “Riant Site ” A noter qu’à l’époque, on ignore les numérotations des rues qui n’auraient eu aucun sens.

 

Sont-ce les charmes du lieu ou ceux de sa cousine, qui attirent quelques années plus tard son cousin, Mr Jean Van Goens, célibataire, architecte retraité, né à Leyde (Pays-Bas) le 9 Février 1860 ? Toujours est-il qu’il achète cette propriété pour y vivre sa retraite confortablement, à partir de 1910. Comme il est seul, sa cousine habitant Paris, il lui faut embaucher des domestiques. Il embauchera d’abord un jardinier ; ce sera mon papa : Edouard Lemaire puis, ensuite, une cuisinière ; ce sera ma maman : Léontine Gabriel.

 

Monsieur Van Goens s’est entendu avec un de ses amis parisien Mr Heurteloup, maître d’hôtel, chez lequel travaille Léontine, pour la rapprocher d’Edouard, et c’est ainsi que se rencontrèrent, s’aimèrent et se marièrent mes parents le 26 Octobre 1912 à la Mairie du 16° Arrondissement de Paris.

 

Mes parents élisent domicile à Viroflay, sente de la Cerisaie, à la Villa “ Jeanne d’Arc ” où je suis né quelques années plus tard, le 25 Octobre 1921. Ils montent chaque matin à “ Riant Site ” pour servir leur maître qu’ils vénèrent. Maman m’a toujours dit : “ J’ai vécu 14 ans de bonheur dans ma vie, entre mon mariage et la mort de ton père ”. Papa meurt en effet le 12 Mai 1926, à l’âge de 46 ans.

 

Entre temps, sur les conseils qualifiés de leur patron, mes parents ont fait construire, sur un terrain vendu par lui devant notaire, une petite maison ouvrière, la villa “ Les Hirondelles ” ; mais nous y reviendrons plus tard.

 

Monsieur Van Goens est très affecté par la mort de son jardinier et souvent privé des services de sa cuisinière qui doit s’occuper de ses enfants : ma sœur Valentine 13 ans et moi-même, 5 ans en 1926. Je le revois avec sa grande taille, franchissant le seuil de notre maison après avoir traversé le jardin et la pépinière qui nous séparent de “ Riant Site ” pour venir nous visiter.

 

Avec sa cousine Marguerite Tyken, Jean Van Goens professent la religion protestante. Il est tolérant, altruiste et généreux. Maman lui attribue, en partie, la création de la “ Maison des Enfants ” de Viroflay (devenue la Salle Dunoyer de Segonzac), inaugurée en 1925. A-t-elle raison ou s’agit-il d’une grande admiration pour la générosité de notre protecteur ? (notre archiviste, Madame de Gisors saurait-elle nous le dire ?)

 

Jean Van Goens meurt prématurément, à son tour, le 16 mars 1927 à l’âge de 67 ans dans sa villa “ Riant Site ” où sa cousine Marguerite vient constater son décès.

 

Son unique héritière est sa nièce, fille de son seul frère Daniel Van Goens, compositeur de musique, décédé. Elle s’appelle Gertrude Van Goens, épouse Franck Jezequel. Ce sont les époux Jezequel qui deviennent propriétaires de la maison mais aussi du terrain considérablement agrandi par les achats successifs de Mr Van Goens, notamment aux consorts Moser entre 1910 et 1927.

 

Mr et Mme Jezequel ne demeurent pas très longtemps à “ Riant Site ” et, pour faciliter la vente d’un domaine aussi important, le divisent en 2 parties :

 

A l’Ouest, la maison elle-même  et le terrain sue lequel est implanté l’immeuble du coteau,

 

A l’est, longeant la rue Antoine Herbron, le terrain sur lequel viendront s’implanter les 7 maisons actuelles, entre 1922 et 1972.

Entre les deux, la clôture que nous avons renouvelée tous ensemble au cours de la “ journée verte ” du Printemps 1993.

 

 

Nous raconterons l’histoire de ces maisons en descendant la rue, mais pour l’instant, revenons à la villa « Riant Site »

 

Elle est achetée en 1929 par Mr et Mme Pierre Hibert, que Mauricette et François ont connus, mais dont nous ne conservons qu’un vague souvenir (nous n’avions respectivement que 8 ans et 3 ans).

 

Puis en 1941 par Mr et Mme Manuel Rojo dont nous nous souvenons beaucoup mieux. Mr Rojo est issu d’une famille d’ouvriers agricoles Espagnols. Lorsqu’il arrive en France, il s’embauche aux usines Renault, ses économies lui permettant d’acheter cette maison à l’âge de 50 ans. Mauricette se rappelle que Manuel Rojo adore raconter des histoires à Maurice Boulay son papa, qui fait son jardin de l’autre côté de la clôture grillagée. Elles se terminent par un gros rire qui cesse aussitôt, lorsque Madame Rojo met le nez à la fenêtre ! Yves Rojo, petit fils de Manuel se souvient : “ Mon grand-père me racontait des histoires savoureuses, qu’il inventait le soir au coin du feu et au fil de l’eau ! ”.

 

Manuel Rojo se révèle être un excellent jardinier, il crée un joli jardin d’agrément à proximité de sa maison, avec des plates bandes gazonnées, des rosiers de multiples couleurs et des allées gravillonnées, devant lesquels les passants s’arrêtent volontiers, en montant la Sente de la Procession pour aller se promener dans les bois de Fausses Reposes.

 

Derrière ce jardin, une haie de poiriers en espalier et, derrière cette haie, un jardin potager magnifique qui me rappelle, à moi François, les travaux de mon papa qui, de 1912 à 1926, devait entretenir ce même jardin où il avait creusé un puits dont se sert Mr Rojo pour arroser ses légumes.

 

Nous étions convenus avec lui de ne pas arracher un poirier planté par papa ; il existe toujours entre nos deux propriétés et nous l’avons respecté le 20 Mars 1993 en refaisant la clôture.

 

C’est la famille Rojo, et probablement le fils, qui “ a une bonne place chez Renault ” se rappelle Emile Mandonnet, qui fait construire le garage pour son automobile. Plus tard, Mr Rojo fils habite, avec son épouse, à quelques pas de ses parents, dans la rue Pierre Lefaucheux. Ils ont des enfants qui habitent encore la région.

 

Après 22 ans de retraite, Mr Manuel Rojo meurt à “ Riant Site ” le 1° Septembre 1963 à l’âge de 72 ans. Sa femme et ses enfants vendent la maison et le grand terrain le 28 février 1964.

 

Le nouvel acquéreur est la S.A. Compagnie immobilière de courtage et d’Administration (C.I.C.A.) qui achète  maison et terrain dans le but d’exploiter ce dernier pour y construire 32 logements + des chambres d’employées de maison. Une demande de permis de construire est déposée mais personne ne le sait et ne s’en préoccupe dans le quartier.

 

Le jardin autour de la maison est réduit à sa plus simple expression. Madame Rojo et ses enfants négocient avec la C.I.C.A. leur maintien dans les lieux jusqu'à la fin de la construction d’un logement réservé pour eux dans le nouvel immeuble où Madame Rojo et sa fille habiteront jusque la fin des années 1980.

 

Le 21 Janvier 1970, la C.I.C.A. vend “ Riant Site ” à Gérard et Jocelyne Lefèvre que nous sommes heureux d’accueillir dans le quartier. Gérard et Jocelyne sont tous deux techniciens à l’Office National d’Etudes et de Recherche aérospatiale. Ils ont 2 enfants lorsqu’ils arrivent : Anne 5 ans et demi et Laurent 2 ans. Ils accueillent Line dans leur nouvelle maison au mois d’août 1971.

 

Les enfants sont heureux de faire connaissance avec Véronique et Fabienne Adt et de se lier avec elles d’une amitié durable. Par la suite, Gérard continuera sa carrière dans l’immobilier tandis que Jocelyne reprendra du travail en 1977 à la Mairie de Viroflay où elle a été très appréciée des Viroflaysiens reconnaissants.

 

Nos nouveaux voisins font partie intégrante de l’Association Syndicale Autorisée des Propriétaires de la Rue du Colonel Fabien ( A.S.A. ) de 1972 à 1992 car “ Riant Site ” possède un droit de servitude, accordant aux propriétaires successifs, une bande de terrain de 2 mètres de large, passant entre les maisons d’Héliane Donatien et d’Emile Mandonnet, pour permettre le passage souterrain des conduites d’alimentation des réseaux publics reliés à ceux de la rue du Colonel Fabien.

 

Aujourd’hui, en l’an 2007, le réseau souterrain d’alimentation énergétique de « Riant Site » ne passe plus par ce couloir de terre entre les deux propriétés d’Héliane Donatien et de la famille Topalian qui a succédé à la famille Mandonnet, mais cette servitude reste acquise aux propriétaires de « Riant Site ».

 

Nous sommes heureux que cette circonstance ait favorisé une connaissance mutuelle entre l’Association et les propriétaires successifs de « Riant Site » ce qui nous a permis d’apprécier leur gentillesse, au cours des multiples rencontres des membres de l’ancienne et de la nouvelle Association de la Rue du Colonel Fabien.

 

Après la construction de la rue du Colonel Fabien en 1974, la Sente de la Procession perd son aspect rustique et chaotique, au profit d’un revêtement goudronné. Le grand portail latéral est supprimé (un poteau existe encore) et remplacé par le portillon actuel. En 1985, Jocelyne et Gérard construisent le petit sas vitré qui accueille le visiteur et le met à l’abri du vent. C’est avec nostalgie qu’ils quittent “ Riant Site ” dont ils avaient apprécié le charme et la tranquillité. Nous leur souhaitons maintenant une longue retraite heureuse dans le bassin d’Arcachon près de leurs enfants.

 

Après l’achat de la maison par Benoit et Nathalie (et David) Firmin le 9 Septembre 1996, nous accueillons avec plaisir une jeune famille bien sympathique à laquelle nous souhaitons la bienvenue. Benoît, né en 1964, a grandi à Viroflay dans le quartier du Haras. Nathalie est née en 1965 et David, avec le bicentenaire de la Révolution en 1989. Benoît et Nathalie sont tous deux ingénieurs agronomes et travaillent, l’un chez Coca-Cola et l’autre à Visa Carte Bleue.

 

Nous leur souhaitons d’être heureux parmi nous et de poursuivre, en la rajeunissant, l’histoire d’une maison vénérable, qui sera bientôt centenaire et à laquelle ils pensent redonner, peut-être un jour, son nom d’origine !

 

Pour des raisons professionnelles, la famille Firmin nous quitte au mois de juillet 1998, après avoir vendu leur maison à Yu- Ing et Alexis Galley.

 

La famille Galley achète « Riant Site », pour s’y établir des le mois d’août 1998, avec leur fille Laure née en 1994 et un tout petit nouveau né, Louis, qui a vu le jour le 26 juin 1998. La famille arrive de Londres .

 

Yu-Ing et Alexis ont choisi cette maison en raison de sa proximité avec la forêt dont Alexis est amoureux. Yu-Ing, originaire du Japon a fait ses études à Paris. Elle est devenue ingénieur de l’Ecole Centrale, tandis qu’Alexis est ingénieur du Corps des Mines.

La famille est accueillie par l’Association lors de sa fête du 30ème Anniversaire le 20 septembre 1998 et devient spontanément adhérente à part entière à nos manifestations d’amitié et de solidarité.

 

Yu-Ing se présente aux élections du Conseil d’administration du 7 février 2001 et sera élue à l’unanimité et le bureau l’élira Vice Présidente le 23 février 2001.

 

Depuis nous avons partagé avec émotion deux évènements majeurs survenus dans cette famille : 

 

Le départ pour le Ciel du petit Louis le 7 novembre 2001 mars 2002, auquel ses parents ont dit au revoir, lors de la discrète cérémonie religieuse à laquelle nous avons été invités le 16 mars 2002: « Louis, nous sommes heureux avec ta maman de t’avoir eu, de t’avoir accueilli chez nous, et de t’avoir accompagné. Tu resteras, pour nous, tes parents, une lumière éternellement allumée, tu seras toujours avec nous »

 

L’arrivée bienheureuse de Wallerand le 21 avril 2004, présenté en ces termes par sa grande sœur Laure qui le tient dans ses bras :  « Il y a Laure, princesse petits pois sous de allures de garçon manqué, il y a eu Louis, lumière éternelle, et depuis le21 avril 2004, il y a Wallerand , chevalier picard aux yeux bridés »

 

Depuis, Alexis Galley est devenu le responsable avec Yu-Ing, de nos « Parties Forestières » de ramassage de bois.

 

Puis « La Ville aux Bois » en 1908.

Ces 3 propriétés (si on inclut la propriété Pascal du 27 de la rue des Sables) possèdent les plus grandes surfaces de l’étendue des terres du quartier.

 

 

 

Histoire de la Ville au Bois

 

Pour les habitants du quartier des Sables de la ville de Viroflay, et notamment pour ceux de la rue du Colonel Fabien, ce nom évoque beaucoup d’évènements heureux depuis que cette grande maison de maître devint le bien commun du Peuple , grâce à l’acquisition faite par la Mairie de Viroflay en date du 27 Juin 1975 en application d’une délibération du Conseil Municipal  du 18 février précédent , approuvée par le préfet le 26 mai suivant, au terme d’un arrêté d’utilité publique.

Elle devient à partir de l’année 1980, après rénovation complète, transformation et adaptation aux règles de sécurité :

-Une crèche municipale de dix-neuf berceaux et un jardin d’enfants de 16 places.

-Un centre aéré bien aménagé de 60 enfants de maternelle (fonctionnant tous les mercredis et pendant  les vacances scolaires) qui, sous la conduite de 8 animateurs, évoluent dans des activités diverses, parmi lesquelles les jeux et promenades en Forêt des Fausses Reposes. (et qui passent joyeusement par la rue du Colonel Fabien)

- Une garderie du soir de (16h 15 à 18h 45) de 55 enfants scolarisés aux « Aulnettes » et au « Coteau » amenés par car scolaire.

-La Maison Républicaine du quartier des Sables, avec la création du 9ème Bureau Electoral de la ville de Viroflay.

-Le lieu des réunions et des fêtes de l’Association de la rue du Colonel Fabien qui, dès le début, prête son concours aux projets municipaux.

« La Ville aux Bois » c’est aussi une propriété de 4270 mètres carrés de superficie, qui permet de bâtir, dans l’ancien potager situé derrière la maison , deux immeubles de logements à loyer modéré permettant de loger 46 familles à revenus modestes.

Cette décision est prise par le Conseil Municipal de Viroflay dans sa séance du 18 Octobre 1976, dont voici la délibération votée à l’unanimité :

« Le Conseil, considérant les difficultés rencontrées par les familles et les personnes isolées pour se loger à Viroflay, du fait de la faible proportion de l’habitat locatif donne pouvoir à Monsieur le Maire, pour mener les négociations en vue de conclure un bail avec le Foyer du Fonctionnaire et de la Famille, qui louera le terrain à la commune en contrepartie d’une redevance forfaitaire à la prise de possession de 450 000 francs. »

 

La perspective de construire des HLM dans le quartier pavillonnaire des Sables, suscite quelques appréhensions, qui laissent place rapidement à une bonne insertion, tant dans le paysage que sur le plan des relations sociales.

 

Une crèche parentale, gérée par les parents eux-mêmes, d’une douzaine de berceaux, fonctionne également au rez de chaussée d’un des bâtiments. Tout ceci fait dire aujourd’hui à une habitante ancienne du quartier :

 

« L’intégration des habitants des immeubles de la rue des Sables est une totale réussite »

 

Mais revenons à la naissance de la maison à partir de la situation géographique des lieux, au début du XIXème siècle et à l’histoire des propriétaires qui s’y sont succédés depuis cette époque jusqu’au XXIème siècle où nous sommes entrés depuis 7 ans.

 

Situation des lieux

La construction de la voie ferrée Paris-Versailles ouverte au public le 2 août 1839 par l’ingénieur Clapeyron  provoque, sur les coteaux ensoleillés de la rive droite de Viroflay, la coupure de terres maraîchères jusqu’alors cultivées en « lames de parquet » orientées Sud-Nord, d’où l’idée de vendre celles situées entre la ligne de chemin de fer et la forêt de Fausses Reposes. Cela nécessite aussi la création de chemins d’accès qui prendront souvent les noms des anciens propriétaires ou de leur culture : rue Antoine et Jules Herbron, Julien Certain, sente de la Cerisaie, rue des Sables, rue des Maraîchers (qui deviendra la rue des Marais), etc.

C’est ainsi que deux cultivateurs de Viroflay, Herbron et Certain, mettent en vente au début de ce XIXème siècle une parcelle de terre de 43 ares  qui sera acquise le 30 Mars 1908 par un couple : Mr et Mme Sagnet.

 

Les premiers acheteurs et leur projet.

 

Pierre Constant « Napoléon » (dit Léon) Sagnet est né le 9 octobre 1861 à Verviers dans l’Aisne. A 47 ans il est au sommet de sa carrière de Secrétaire Général de la Société du Chemin de Fer Métropolitain de Paris.

Avec son épouse Eva, ils achètent ce terrain pour le prix de 17 042 francs qu’ils ont, selon l’acte d’achat, devant Maître Boisaubert, notaire à Sèvres :

« A l’instant payé en bonnes espèces de monnaie ayant cours et billets de la Banque de France pris et accepté comme numéraire le tout compté et délivré à la vue du notaire soussigné »

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Eva Bruandet que « Napoléon » a épousé le 27 Août 1903 décède à Paris le 30 Octobre 1908, 6 mois après l’achat de Viroflay , laissant son mari seul pour poursuivre leur projet.

Le couple n’avait pas perdu de temps pour établir celui-ci : la construction d’une grande maison bourgeoise qu’ils appelleront la « Ville aux Bois », ainsi que le révèle l’acte de décès d’Eva qui stipule le début de sa construction.

Elle sera terminée bien avant la grande guerre qui éclate le 3 août 1914.

 

Description de la Maison.

 

La grande villa que « Napoléon » et Eva ont projetée s’élève maintenant sur un sous-sol et cave desservis par une porte extérieure.

Le rez-de-chaussée se divise en : une salle à manger, un grand salon, un petit salon, cuisine, office, water-closet, desservis par un vestibule.

Vient ensuite un premier étage, auquel on accède par un escalier d’honneur donnant sur le vestibule qui dessert : trois chambres de maître, une salle de bain, une lingerie et water-closet.

Le deuxième étage comprend deux chambres de maître avec cabinet de toilette, 5 chambres de domestiques et water-closet.

Le tout couvert de tuiles, eau, gaz, électricité, chauffage central.

 

En plus du bâtiment principal est construit, en bordure de la Rue des Sables, sous la forme d’un petit pavillon de chasse au double toit pentu, le garage automobile s’ouvrant des deux côtés (rue et propriété) au dessus duquel est prévu le logement du chauffeur gardien jardinier.

 

Un jardin d’agrément est créé sur le devant avec de beaux arbres qui deviendront immenses et , sur l’arrière , s’étendant jusqu’à la ligne de chemin de fer, un grand potager verger qui occupe la moitié de la superficie totale et dans lequel est creusé un puits.

Toute la propriété échappe à la vue des passants, cachée par un haut mur de meulière surmonté d’une grille de fer forgé , que l’on retrouve dans le dessin du grand portail de fer plein situé sur la partie droite de la rue des Sables tandis qu’une porte de service de même fabrication se trouve sur le côté gauche près du garage qui fait face à la maison du 23 de la rue des Sables.

 

La Guerre de 1914-1918.

Elle voit « Napoléon » requis à son poste de Secrétaire Général du Métropolitain, par la Ville de Paris, qui, à la demande de son ami : Fulgence Bienvenüe, lui attribue la légion d’honneur.

« Napoléon se remarie le 29 Septembre 1919 à l’âge de 58 ans à une « jeune » femme belge de 41 ans, Julia Castelin, avec laquelle il demeure à Paris mais qui prend en main les réceptions de la Ville aux Bois après la fin de cette guerre meurtrière.

 

Monsieur Fulgence Bienvenüe

Né dans les Cotes d’Armor le 27 janvier 1852, Fulgence, le treizième enfant d’un notaire d’Uzel, fut élevé dans le culte des traditions.

Il se montra d’abord passionné pour les lettres, mais son désir d’action le poussa vers la carrière d’ingénieur. Il entra à Polytechnique en 1870 et à l’Ecole des Ponts et Chaussées en 1872.

En 1875 il fut nommé ingénieur à Alençon, chargé en particulier de la construction du chemin de fer de Fougères à Vire.

Le passage de cette ligne à Mortain présentait des difficultés réputées insurmontables. Bienveüe réussit à les vaincre avec autant de simplicité que d’élégance sans recourir à des travaux coûteux. Cette carrière si brillamment commencée faillit être tragiquement arrêtée par un grave accident. Le 25 février 1881, alors qu’il conduisait le jury d’expropriation sur le tracé de la ligne de Pré-en-Pail à Mayenne et que, debout sur le wagon de chantier sommairement aménagé pour le transport des jurés, il recommandait à ceux-ci la prudence, un démarrage intempestif de la locomotive le projeta sur les rails. Les roues lui broyèrent le bras gauche et ont du pratiquer la désarticulation  de l’épaule. Il montra beaucoup de courage au milieu des souffrances de ce qu’il appela plus tard, l’expropriation de son bras. Il reçu cette même année la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur.

Bienvenue dressa dès 1896, un avant projet de métropolitain de Paris à traction électrique. Cet avant  projet devint un projet définitif en 1897 et enfin, le 30 mars 1898, une loi déclara d’utilité publique l’établissement dans Paris d’un chemin de fer métropolitain.

La première ligne, de la porte de Vincennes à la porte Maillot devait être prête à fonctionner pour l’ouverture de l’Exposition, c'est-à-dire dans un délai de deux ans. Ce tour de force fut réalisé.

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En 1932, à l’âge de 82 ans, Bienvenüe obtint sa retraite, il avait construit 138 kilomètres de métro. Son œuvre lui valut les plus hautes distinctions dont celle de Grand Croix de la Légion d’honneur.

Demeuré Ingénieur Conseil, il continua à collaborer à la grande œuvre du métro parisien, jusqu’à sa mort dans son domicile parisien, 112 Boulevard de Courcelles, le 3 août 1936.

La station de métro qui porte son nom, relate en photos, la vie de ce breton devenu parisien, que l’on surnomme « Le Père Métro »  auquel, soixante dix ans plus tard « La Giroflée Libre » s’honore  de rendre un hommage hautement mérité.

 

La Légende de Fulgence Bienvenüe à La Ville Aux Bois.

 

Contrairement à l’idée répandue suivant laquelle Fulgence Bienvenüe , ou sa famille, aurait été propriétaire ou locataire de la Ville Aux Bois, il s’avère, de sources vérifiées, par les actes officiels successifs de propriété, et du résultat négatif des enquêtes  effectuées auprès de sa commune de naissance  et des archives du métropolitain, (que l’auteur met à la disposition du lecteur), que Fulgence Bienvenüe n’a jamais habité à la Ville aux Bois.

 

Par contre, tout laisse à croire qu’il y a séjourné, notamment dans les  années d’après la guerre de 1914-1918 et jusqu’en 1925, à l’invitation de son secrétaire général « Napoléon ».

En l’honneur de son hôte de marque, Julia organise, avec ses domestiques, des réceptions chaudes et gaies, à l’image de celles de son pays. Gageons que Fulgence et son épouse Marie Jeanne apprécient, à l’âge de 67 ans, ces temps de détente et de repos à la « Ville aux Bois », si proche à la fois de la forêt de Fausses Reposes et de la Ville de Paris, à laquelle il  consacre sa vie.

 

Après une longue et fatigante carrière à l’ombre de son maître Fulgence Bienvenue, emplie d’innovations mais aussi de résistances administratives et de tous ordres à vaincre devant ce mode nouveau de transport parisien, « Napoléon » estime qu’il est temps de prendre sa retraite, dans le pays de Julia, et vend « La Ville aux Bois » à l’âge de 66 ans, le 4 juin 1925, à la famille Castelli.

 

La famille Castelli

 

Plusieurs lecteurs de « La Giroflée Libre » s’interrogent  pour savoir si cette famille a un rapport avec Philippe Castelli, comédien, qui s’est éteint le 16 Avril 2006, à l’âge de 80 ans à l’hôpital Georges Pompidou de Paris ?

Oui, c’est bien de sa famille qu’il s’agit.

Son père, Mr Ambroise Castelli, né à Vernon dans l’Eure le 27 août 1896, ingénieur, Chevalier de la Légion d’Honneur et son épouse  Marie, Céline, Antoinette Bouchon demeurent au lendemain de la guerre 18 avenue Edouard Branly à Chaville, où naîtra Philippe en 1925.

Connaissant le quartier des Sables, Ambroise apprend que la villa de « Napoléon » est mise en vente chez Maître Betheuil , notaire à Sèvres, il l’acquiert pour le prix de 125 000 francs le 4 Juin 1925, sachant que sa femme va lui donner un enfant dans les jours qui viennent. Philippe né le 8 juin, est donc accueilli dans cette maison dès sa naissance : il y restera jusqu’à l’âge de 7 ans en 1933.

 

Ayant quatre ans de plus, et d’un milieu social différent, je n’ai jamais été invité par lui à la Ville aux Bois, mais par copain interposé : Georges Kervagoret (dit Jojo), fils du gardien jardinier : Joseph Kervagoret, qui habite avec sa femme Denise dans le petit logement au dessus du garage, nous parlons souvent de la famille Castelli. Voici ce que la presse rapporte au sujet de Philippe après son décès le 19 Avril 2006 :

 

Le comédien Philippe Castelli, partenaire privilégié de l’émission « Les Grosses Têtes », est né à Chaville en 1926.Il fait un passage « au petit conservatoire de la chanson de Mireille », avant de tourner pour la première fois (1959) dans Les « Bonnes Femmes » dirigé par Claude Chabrol. De 1959 à 1969, il enchaîne avec « le Caporal épinglé », de Jean Renoir. « Landru » de Claude Chabrol,   « Les Tontons Flingueurs » de Georges Lautner. Viennent ensuite  « Les Seins de Glace » et du même réalisateur :  « Quelques Messieurs Trop Tranquilles »,  « Ils sont Tous des Sorciers », « Les Bons Vivants », « Flics ou Voyous », « Laisse Aller » «  C’est une Valse ».

 

L’Association de la rue du Colonel Fabien l’invite plusieurs fois à l’une ou l’autre de ses fêtes à la « Ville aux Bois » mais malheureusement il n’a jamais pu revenir dans cette maison où il a passé les 7 premières années de sa vie.

« La Giroflée Libre » se permet de suggérer à la municipalité de Viroflay, d’apposer à côté de la plaque commémorative de Fulgence Bienvenue, celle de

 

Philippe Castelli (1926-2006), comédien français de talent a vécu dans cette maison de 1926 à 1933.

 

La famille Castelli qui n’a pas eu d’autres enfants vend la « Ville aux Bois » le 1er juillet 1933 à la famille Loreau, mais ne la quittera pas tout de suite, si bien que j’aurai la surprise d’admirer l’année suivante, flambant neuve, sortant du garage de « La Ville aux Bois », sa magnifique traction avant 7CV Citroën noire.

Elle vient de sortir des usines André Citroën et révolutionne  le monde automobile qui croyait impossible, à cette époque, de réaliser de nouveaux progrès.

Pour moi, ce n’est que 32 ans plus tard, en 1966, que je réalise mon rêve : conduire une traction avant noire prêtée par un ami, pour partir en vacances en famille de 8 personnes, pour la première fois  en automobile !

 

La famille Kervagoret.

 

Joseph a 25 ans lorsqu’il arrive de sa Bretagne pour chercher du travail à Paris.

Il trouve à se loger à Chaville tandis que son épouse Denise est restée au pays, où elle donne naissance à Georges, le 21 novembre 1926, dans le joli petit village de Lanriec, un lieudit de la Ville de Concarneau.

Quelques temps après, Joseph trouve cet emploi de gardien jardinier à la « Ville aux Bois »avec un logement annexe de son contrat de travail, lui permettant de faire venir sa famille .Il y travaillera de 1928 à 1939, date à laquelle il est rappelé sous les drapeaux de la France. qui déclare la guerre à l’Allemagne.

Fait prisonnier, il meurt tragiquement dans un accident du travail  le 17 octobre 1940 à l’âge de 39 ans.

 

 

Voici la citation de l’armée française : 

Joseph, Frédéric, Auguste , Marie Kervagoret, né le 27 avril 1901 à Trégunc  (Finistère) prisonnier de guerre au stalag I B (Hohenstein) matricule 45938, est « mort pour la France » a Oppeln (Allemagne) d’un accident du travail (Il fut décapitée dans un camion qui passait sous un pont)

Il est inhumé au cimetière de Gdansk (Pologne), section D rang 2.

(Kervagoret J.est inscrit en lettres d’or sur le mémorial en mairie de Viroflay)

 

Le garage au dessus duquel habite la famille de 1928 à 1961 n’existe plus, mais son souvenir  reste vivant en moi.

La famille Kervagoret n’aura qu’un seul enfant, que tout le quartier appelle « Jojo ». J’ai 5 ans de plus que lui. Il devient un peu mon petit frère dans les années 1936 à 40, où nous recevons la famille dans « nos bâtiments » (c'est-à-dire notre garage actuel, où Maman et moi logeons à ce moment là, pour louer notre maison).

Jojo, fait un apprentissage et devient ouvrier tourneur.

Sa maman Denise, pupille de l’Assistance Publique (après la disparition en mer de son papa), de santé fragile, encore ébranlée par la mort de Joseph, décède à son tour à l’hôpital de Versailles le 25 avril 1953.

La solitude de « Jojo » entraîne une maladie alcoolique. Au cours d’une bagarre à Pigalle, il est hospitalisé, trépané, et devient épileptique puis décède le 20 août 1961 dans sa chambre du garage de la Ville aux Bois, où la gendarmerie de Chaville en fait le constat quelques jours plus tard à l’appel des voisins inquiets, dont je suis. Sa grand-mère bretonne l’enterre à Concarneau.

 

Je conserve de la famille un souvenir reconnaissant pour l’aide apportée par Joseph à ma maman seule et invalide et à moi-même, pour transformer la basse-cour de mon  père décédé en jardin potager, et pour la joie communicative de son épouse Denise, dont je me prends encore à fredonner des bribes d’une chanson coquine :

(C’est l’histoire de deux copains voyageant sans le savoir dans le même train, mais dont l’un deux a séduit la femme de l’autre) :

 

Par la petite lucarne il regarde et soudain,

Il aperçoit sa femme dans les bras d’ son copain,

Sur la sonnette d’alarme vite il se précipite,

Sans prendre l’temps de lire la consigne explicite :

Refrain :

En cas d’accident vous n’aurez qu’a tirer violemment sul’ cordon

Tout appel non justifié est passible d’une contravention.

 

Le train s’arrête enfin, l’chef  accourt sur les lieux                          

Et très aimablement il vient dire au monsieur

Qu’avez à déclarer, êtes vous victime d’un crime ?

Non  dit-il, j’suis cocu d’la part d’ma légitime

 

C’est pas une grave affaire répondit l’chef de train,

Pour un enfantillage faire autant de potin,

Nous n’ marcherions jamais si j’avais la consigne

D’arrêter à chaque fois qui s’passe ça sur la ligne

 

Refrain :

Puisque sans accident vous avez, tiré violemment sul’ cordon

Votre appel n’étant pas justifié, J’vous colle 100 francs d’ contravention !

 

La famille Loreau/Salone

 

Le premier juillet 1933, Monsieur René Loreau, industriel, Maire de Briare depuis 1919, et domicilié au château de Beauvoir dont il est propriétaire, Conseiller Général du Loiret, acquiert la « Ville au Bois » pour la somme de

475 000 francs.

Monsieur René Loreau est âgé de 63 ans. Il est veuf en première noce de Madame Marie-Joseph Deville de Marisy et tuteur de ses deux enfants mineurs : Blanche née le 26 mai 1917 et Jean, né le 26 juin 1919 .C’est pour eux qu’il veut faire un placement d’argent. Il a connaissance de la vente de la « Ville aux Bois » par une parente qui demeure à Versailles avec Blanche qui a 16 ans.

Les nouveaux propriétaires de la Ville aux Bois ne l’habiteront jamais et la mettent en location de 1933 à 1975,

 Le logement de la famille Kervagoret au dessus du garage, leur sera conservé sans contre partie, jusqu’au décès de Jojo.

 

Pendant 42 ans, la vie des locataires se déroule dans le plus grand secret,entouré d’un parc touffu non entretenu, derrière le haut mur de pierres meulières, ce qui ne manque pas de susciter des légendes de maison hantée !

Seul l‘épisode de la guerre 1940-1945 rompt le mystère puisque l’armée allemande d’occupation réquisitionne la « Ville aux Bois » de 1940 à la libération, comme le rappelle Jacques Garnaud, dans l’histoire de la maison de son grand-père Antonin, relatée dans la « Giroflée Libre »n°6, de mars 1996.  

« Mon grand père reçoit un soir la visite inopinée d’officiers allemands de La Ville aux Bois, venant réquisitionner son appareil téléphonique (il est le seul a en avoir un dans la rue, sans doute comme ancien receveur des postes) tandis qu’il écoute en secret Radio-Londres, devant une carte d’état major, pour suivre l’avancée des alliés, ce qui aurait pu lui coûter cher ! »

Nous n’avons connu que le dernier locataire : la famille Karlikow, qui s’est fait longuement tirer l’oreille par la mairie de Viroflay pour quitter les lieux après l’achat de 1975.

Monsieur René Loreau qui est toujours Maire de Briare, décède à Paris où il se trouve en traitement le 21 octobre 1935 à l’âge de 65 ans et c’est le subrogé tuteur des enfants, frère de feu Madame Deville de Marisy, qui est chargé du partage des biens revenant aux deux enfants, dont le second encore mineur.

 

A la veille de la seconde guerre mondiale le 25 juillet 1939, sentant les bruits de guerre se rapprocher, le subrogé tuteur estime nécessaire de faire le partage des biens de la façon suivante :

Blanche reçoit la « Ville aux Bois » estimée  à francs  ……   450 000 

 Un immeuble à Boulogne sur Seine estimé à :  ……………………..         350000 

Soit  francs          :  …………………………………………  800000

 

Jean reçoit de son côté le château de Beauvoir estimé à :……..   508 000

Les meubles du château estimés à :   ……………                    105 000

Trois autres immeubles estimés au total à : …………              187 000

Soit  francs        :…………………………………………..     800 000

 

A la suite de ce partage, effectué devant Maître Albert Amigues, notaire à Carcassonne, grand ami de la famille Loreau, Blanche devient seule propriétaire de  la « Ville aux Bois » et c’est elle qui 36 ans plus tard,  la vendra à la Ville de Viroflay sous le nom de Salone, ayant eu successivement le nom de Madame Blanche Croisette Desnoyer, puis, après veuvage, celui de Mme Blanche Salone.

 

Conclusion :

C’est avec elle que Monsieur le Maire de Viroflay négocie l’achat de la Ville aux Bois pour le prix de 900 000 francs le 27 juin 1975.

 

La Municipalité rénove entièrement et transforme cette Villa, puis  l’adapte aux obligations de sécurité qui sont celles des édifices recevant du public.

Les murs d’enceinte font place à des clôtures agréables à partir desquelles tout le quartier des Sables apprécie les aménagements permettant la garde, l’éducation des enfants, et l’expression de ses fêtes et réunions diverses.

Sans l’intervention de la Ville de Viroflay :

Son Maire, son Conseil Municipal, et ses Contribuables, cette grande propriété aujourd’hui si utile à la collectivité, aurait probablement disparu.

 

Contemporaine des deux maisons voisines, construites dans les mêmes premières années (1908)

du XX ième siècle, celles des  familles : Louvencourt au  n°2 de la rue du Colonel Fabien, et  Géan au 23 de la rue des Sables, toutes les trois deviendront centenaires en 2008.

Souhaitons que l’Association de la rue du Colonel Fabien, et la Ville de Viroflay, sachent alors célébrer dignement ce trio de maisons centenaires.

 

Puis dans le même temps (1908) :

 

Histoire de la Maison Troupin

 

Après « La Ville aux Bois, la première maison de la rue, la plus petite de toutes les autres, est celle construite a l’angle sud est de la rue du Colonel Fabien et de la rue des Sables

En fait c’est elle, cette petite maison, qui va provoquer  la construction du chemin de terre qui deviendra plus tard la rue du Colonel Fabien.

Le terrain qui la reçoit est acquis le 23 juillet 1907, par une vieille demoiselle : Suzanne Georgina Troupin, devant maitre Boisaubert, notaire à Sèvres, des consorts Herbron.

Elle devient ainsi la « Marraine du Chemin ».étant la première propriétaire qui le fera successivement passer de3 à 4 mètres de largeur, puis encore de 2 mètres du  coté pair. Le chemin passera ainsi à 6 mètres, tandis que les futurs propriétaires des numéros impairs conserveront leur privilège de 2 mètres frappés de servitude, jusqu’à la construction de la voie en 1972

 

Avant d’aller plus loin évoquons les premiers propriétaires du  « chemin de St Germain » ancien nom de la rue du Colonel Fabien

 

Ce furent: Herbron, Moser, Troupin.

Nous les retrouvons dans tous nos actes de propriété.

Jules et Antoine Herbron étaient 2 frères qui avaient hérité de leur père décédé en 1886.

Ils possédaient les 2 tiers supérieurs du coté pair de la voie.

Antoine étant décédé, sa veuve vendit sa part à Jules qui devint le seul propriétaire.

Suzanne Troupin, en acquit le 1/3 inférieur.

Jean Moser, pépiniériste, possédait la quasi totalité des terres du coté impair du chemin.

Le 8 Février 1908, ils conclurent à trois une convention relative à la création du chemin de St Germain. Laissons parler la convention:

"Il sera établi entre les propriétés de Troupin-Herbron d'une part et de Moser d'autre part, un chemin de terre allant du chemin des Sables à la sente de la Procession"

"Le sol de ce chemin sera fourni par chacun des intéressés, conformément aux cotes figurant sur le procès verbal ci-annexé"

« Il aboutira d’un bout au sud-est ou Chemin des Sables et d’autre bout, au nord- ouest ou chemin des Petits bois.

« La dite voie ou chemin de terre appartiendra divisément, à Melle Troupin, à Mr Herbron et à  Mr Moser  en raison du sol fourni par chacun d’eux et ils transmettront la propriété du sol à chacun de leurs futurs acquéreurs au droit de portion de terrain par eux vendue ».

« Le dit chemin devra être créé et maintenu en bon état de viabilité et entretenu par Melle Troupin et par les acquéreurs de Mr Herbron et de Mr Moser, proportionnellement à la façade occupée par chacun d’eux sur le dit chemin et sur la moitié de sa largeur

"Chacun des comparants ou leurs acquéreurs, aura droit au passage à tous besoins et usages à pied, à cheval, avec voiture, chevaux et bestiaux à toute heure du jour et de nuit sur la voie ou chemin de terre et dans toute son étendue"

"Si un différend quelconque venait à surgir relativement au chemin, il sera examiné et jugé par la masse des propriétaires réunis en syndicat"

"Tous seront tenus de donner un avis et chacun sera obligé de se soumettre à l'avis de la majorité"

 

C'est sans doute cet esprit démocratique qui nous inspire encore aujourd'hui dans notre rue!

 

Le 1er Juillet 1909, ils conclurent ensemble une autre convention avec la Compagnie Générale des Eaux dont la conduite se prolongera jusqu’au sommet du chemin.

 

 

23 Rue des Sables : la maison Troupin

 

Le terrain et le chemin

L’acte initial d’achat révèle que le 23 Juillet 1907, devant Maître Boisaubert Notaire à Sèvres, Mr Jules Herbron, cultivateur à Viroflay vend à Melle Suzanne Georgina Troupin, l’immeuble ci-après :

« Désignation : Commune de Viroflay, lieu dit les Sables ou le chemin de Saint-Germain 1)  une portion de terrain d’une contenance de 401 M2, 2) une bande de terrain situé au même lieu, en façade de la précédente d’une contenance superficielle de 106 m2 environ ».

Sachant que cette façade de terrain est celle de la plus grande longueur (25 M sur le Chemin de « Saint Germain », 15 M sur le Chemin « des Sables ») il est évident que cette bande sert à la création du « chemin

 

La maison et se première propriétaire

Oui, elle appartient bien au lotissement de la Rue du Colonel Fabien, cette petite maison qui disparaît l’été sous les larges feuilles et les grappes rouges de son catalpa.

Comme nous le verrons plus loin, elle sera l’élément fondateur du Chemin de Saint- Germain, devenu rue Antoine Herbron puis du Colonel Fabien  en 1946.

Elle est construite en 1908, sous l’égide d’une demoiselle de la Belle Epoque : Suzanne Georgina Troupin, qui viendra l’habiter avec sa maman fortunée mais déjà âgée.

Elle nous pardonnera de l’appeler familièrement Georgina. C’est une artiste, elle confectionne de magnifiques fleurs de soie, mais, elle est surtout professeur de piano et de chant à son domicile. Pour que ses élèves puissent monter leurs gammes ou chanter  à longueur de journée, elle désire être isolée et se rapprocher du bois des Fausses Reposes. Parmi ses élèves : Françoise Mougeot, qui habite toujours le quartier, et Annick Besnard qui, pour faire plaisir à sa grand’mère Clémence, prend des leçons de piano jusqu’au jour de son 15ème anniversaire où elle choisit comme cadeau  devinez quoi  ?…….de ne plus en faire ! Par contre Mauricette passant dans la rue a encore dans ses oreilles la voix mélodieuse de Georgina.

A 35 ans, elle désire  construire une maison qu’elle dessine elle-même (il n’y a pas encore de permis !)

Regardons la bien cette petite maison de meulières fines : sauf les deux meurtrières de l’escalier, elle est entièrement calfeutrée du coté nord-est. Son entrée ouest, protégée de la pluie par un bel auvent, donne sur le nouveau chemin. Ses petites fenêtres, semblent le jour nous faire des clins d’œil, tandis que la nuit, leurs volets de bois ferment leurs paupières. Les ouvertures de la façade plein sud sont dissymétriques. On devine la cuisine au dessus de la porte de cave. Une grande porte-fenêtre ouvrant sur un balcon de bois ouvragé désigne la pièce principale, seules les deux fenêtres des chambres du premier étage sont identiques.

Les larges appuis des fenêtres sont en briques jaunes, alignées en rangs superposés, ou agrémentées d’une autre rangée disposée en dents de scie.

(Laissons de côté le garage, construit 70 ans plus tard.)

Enfin, la maison est coiffée d’un large chapeau de tuiles se rabattant sur les deux pignons.

Invités par Claire et Laurent Pilo, jeunes mariés de l’été dernier, qui se plaisent beaucoup dans ce nid d’amoureux, on est surpris par la disposition de son intérieur : un vestibule d’entrée, carrelé à l’ancienne, ouvre ses portes sur la cuisine, les commodités et les escaliers de cave et du premier étage. Puis, de façon inattendue, trois marches de pierre blanche donnent accès à la pièce principale. La maîtresse de chant et pianiste a-t-elle voulu diminuer la hauteur de plafond pour limiter les effets de résonance ou d’acoustique ? Ou plus prosaïquement, réduire les frais de chauffage ?

La  antise du froid est constamment présente en ces temps anciens où les hivers sont rigoureux  et le chauffage central non encore installé partout.

Une belle cheminée de marbre moucheté (aujourd’hui condamnée) orne la pièce et rappelle le temps où une salamandre réchauffe les doigts des pianistes et développe les cordes vocales des chanteurs !

On s’étonne d’une petite alcôve creusée dans l’un des murs, c’est tout simplement l’emplacement du piano ! Derrière la maison le grand jardin est découpé en planches de légumes, entourées de haies de buis épais, qu’Annick Besnard trouve bien sinistre !

 

Que diriez-vous de nommer Melle Suzanne, Georgina Troupin, à titre posthume, « Marraine» de notre rue ?

 

La vente de la maison à la famille Géan

Lorsque survient la 2° guerre mondiale, Georgina a 68 ans. Elle ne bénéficie d’aucun régime de retraite et décide, en 1941, de vendre sa maison en viager.

Son acquéreur est une famille amie : Joseph et Marie Géan, qui habitent rue Chanzy à Viroflay. Les Parents de Marie possèdent une grande maison rue Gallieni, c’est là que nait  en 1913, leur fils unique Pierre. Il est maintenant âgé de 28 ans et Georgina souhaite ardemment  que sa maison lui soit destinée.

Joseph Géan est un ancien chef coupeur chez Barclay, avenue de l’Opéra à PARIS.

Il est revenu de la guerre 14-18, grand blessé, décoré de la Médaille Militaire et de la  Légion d’Honneur .Il s’est converti en Inspecteur Principal à la Préfecture de Seine et Oise à Versailles.

Leur fils Pierre fonde, avec Geneviève, une famille qui s’enrichit rapidement de quatre enfants : Jean-Pierre, Anne-Marie, Christiane et Françoise qui naissent de 1944 à 1951. Il n’habitera donc pas la petite maison. Les vœux de Georgina seront-ils un jour exaucés ?

Joseph et Marie cèdent leur grande maison à leurs enfants et petits enfants et vont habiter à quelques centaines de mètres, impasse Dupin à Viroflay.

Joseph décède en 1947 à l’âge de 63 ans et Marie, en 1985 à 98 ans, après avoir eu la joie de voir grandir ses petits enfants et arrières petits enfants.

Quant à Melle Troupin, elle continue de vivre dans sa maison jusqu’à l’âge de 82 ans. Elle termine sa vie à la Maison de Retraite des Petits Prés à Plaisir où Pierre et Geneviève  viennent la visiter, tandis que leur maman Marie, continue de lui payer le viager jusqu’à son décès le 1er décembre 1957

 

La location de la Maison

Après le décès de Melle Troupin, la famille Géan, qui désire garder la propriété en l’état, la met en location à partir de 1958.

Dès lors elle accueille, de 1958 à 1977, Albert Briel métreur, proche de la retraite et son épouse .Ce sont de vieux amis de la famille Géan. Nous nous rappelons de leur discrète gentillesse pour les rencontrer à « l’Epicerie Durocher » de la rue des Sables, si utile au quartier et en particulier aux personnes âgées. En 1976, tenant compte de leurs difficultés la baignoire de la salle de bains est remplacée par une douche.

Albert décède  l’année suivante et Mme Briel ne pouvant rester isolée est relogée par la famille Géan dans un petit appartement du centre de Viroflay.

De juillet 1978 à décembre 1981, arrive la famille d’Argoeuve. C’est celle de Françoise Géan (4ème enfant des propriétaires) et de François d’Argoeuve qui arrivent de Cayenne avec leur première fille Cécile, qui attend une petite sœur : Amandine !  Ils honorent ainsi le vœu de Melle Troupin à la place de leur papa !

C’est pour eux que le garage est construit en 1978.

Nous retrouvons la famille  dans nos photos de la fête de l’Association de la rue du Colonel Fabien du 21 Septembre 1980. Ils ne peuvent rester dans la maison sans l’agrandir et nous quittent en Décembre 1981 dans la perspective d’une troisième naissance : Antoine. Celui-ci, qui a maintenant 20 ans, va poursuivre prochainement ses études en Angleterre.

 

A partir de 1982, les consorts Géan confient la gestion de la maison à une agence : Clément Le Petit, de Viroflay

 

Se succèdent alors dans la maison :

 

- D’avril 1982 à août 1992, Audrey et Philippe Fouré. Audrey nous apporte un petit air d’Amérique, son pays natal. Pour la Fête de la rue, nous dégustons un soir, un plat composé avec Susan Clot à la mode américaine ! Elle est traductrice et  nous explique que Philippe a appris par François d’Argoeuve, au cours d’une partie de tennis, qu’il quitte sa maison et qu’elle est à louer. C’est ainsi qu’ils deviennent nos voisins et adoptent à la fois la maison et le quartier .Mais au fur et à mesure que naissent Kevin en 1985 et Andy en1989, la maison devient si petite  que Philippe doit fabriquer des meubles aux dimensions disponibles (1m60 de long) pour que les deux garçons tiennent dans la chambre! Malgré l’exiguïté de la maison, nous dit Audrey, je réussi à y installer mon premier bureau  de traductrice indépendante, encore une fois fabriqué sur mesure par Philippe (selon mon design…) et très fonctionnel !

Toute la famille participe aux activités de l’Association. Mauricette se souvient être  llée jouer à la grand’mère auprès des garçons fort gentils. Kevin est actuellement en terminale avec les projets d’études d’ingénieur l’année prochaine. Andy lui, est en 4ème.  Nous souhaitons une bonne continuation à nos anciens voisins qui conservent des liens d’amitiés dans la rue du Colonel Fabien, d’où ils partent au mois d’août 1992, pour une maison plus spacieuse dans la ville nouvelle de Saint-Quentin-en Yvelines.

 

- D’octobre 1992 à août 1997, Nathalie et Vincent Freyre

A leur tour c’est par leurs prédécesseurs, la famille Fouré, qu’ils apprennent la libération de la petite maison. Jeune couple, immédiatement  charmé par elle, où Vincent nous écrit : « Notre première : fille Léa, est née exactement 9 mois après  notre arrivée. Sans commentaire !! »

Ils accueillent Adrien en 1996 et partent à Bordeaux le 31 Août 1997 pour cause de mutation professionnelle. Ils nous ont écrit une lettre sympathique à l’occasion du 30ème Anniversaire de l’Association le 26 septembre 1998.

 

- D’octobre 1997 à octobre 1999 Bernard Ragusa, divorcé, cadre d’EDF/GDF, par ailleurs Directeur de l’Urgence et du Secourisme à Vélizy, de la Croix Rouge Française. Il part fréquemment le soir, après son travail, assurer des permanences de secours routiers Comme il est bien placé pour prévenir les accidents, il attire l’attention de l’agence de Viroflay sur la nécessité de reprendre l’installation électrique, ainsi que certains équipements de la petite maison. Ce qui sera fait après son départ. Bernard garde de bons souvenirs du jardin où il avait installé une piscine d’été pour son fils qui habite maintenant avec sa Maman, rue des Marais.

 

Toutes ces personnes citées nous laissent un excellent souvenir et l’Association sera toujours ravie de les revoir

Depuis le 1er avril  2000 Claire et Laurent Pilo, nous ont exprimé l’intérêt qu’ils portent à la maison. Après sa visite intérieure Laurent nous fait constater un phénomène extérieur qui devrait intéresser notre Jardinier , François Besnard : dans le tronc du Catalpa pousse un Noisetier ! Quel avenir pour l’un et l’autre ?

 

Nous ne pouvons terminer ce long récit sans remercier Pierre Géan (qui fêtera son 90ème Anniversaire le 1er septembre prochain au milieu de ses 8 enfants,  22 petits enfants et 5 arrières petits enfants)

Avec son épouse Geneviève, ils sont toujours restés fidèles à notre association depuis sa création en 1968 et ont eu beaucoup de patience pour nous aider à rédiger cette  histoire, que nous leur dédions. (Depuis lors nous avons rendu hommage à  Mr Pierre Géan, décédé  le 21 janvier 2005 dans sa 92èmè année)

 

Claire et Laurent Pilo ont quitté Viroflay et ont été remplacés à compter du 1er août 2004 par Delphine et Nicolas Breuils qui ont emménagé avec leurs deux jeunes enfants : Agathe et Hugo. Nous avons dit la bienvenue à nos nouveaux voisins qui ont voulu s’acquitter immédiatement de leur cotisation 2004 à l’Association.

A leur tour Delphine et Nicolas, qui ont bien partagé avec nous, lors de nos manifestations statutaires ou culturelles, ont abandonné la trop petite maison, pour un logement plus spacieux au n°35/37 de la rue Joseph Bertrand. Ils veulent rester nos adhérents et nous les retrouverons volontiers à la Brasserie des Halles à Versailles tenue par Nicolas, 84 rue de la Paroisse.

Ils ont été remplacés le 15 mars 2006 dans la maison, qui appartient toujours à la famille Géan, par Mona et Patrick Berger, qui se sont mariés le  14 juillet 2006 et auxquels la « Giroflée Libre », a adressé ses meilleurs vœux de bonheur. Patrick Berger tient l’Imprimerie « EDY »113, avenue du Général Leclerc à Viroflay.

Enfin nous garderons le souvenir du couscous tunisien de Mona, que nous avons dégusté le 30 juin 2007, pour notre fête de l’Au Revoir.

 

Histoire de la maison «Les Rouges Gorges»

 

 

 

Le terrain de 364 m2 sur lequel la villa est construite est acquis le 4 mai 1909 par Jules Geoffroy, employé à la faculté de Médecine de Paris et par Mathilde, sa femme, qui habitent Chaville, où ils se sont mariés le 9 Mars 1873. Est-ce en vue de leur retraite ? Toujours est-il qu’ils édifient leur nid auquel ils donnent un joli nom : «  Les Rouges Gorges».

 

Près d’un siècle plus tard, Bernard Clot, informé de cette nouvelle, ne s’étonne plus qu’en reconnaissance de ce baptême, un petit Rouge Gorge vienne voltiger autour de lui, lorsqu’il travaille dans son jardin !

 

Jules & Mathilde trouvent celui-ci un peu étroit, après la construction de leur maison. Ils achètent, en novembre1911, une bande supplémentaire de terrain de 142 m2 au propriétaire d’alors du côté impair de la rue des Sables : Jean-Jacques Moser, horticulteu –pépiniériste bien connu.

 

De 1909 à 1987, les « Rouges Gorges» perdront leur plaque, qui annonce leur entrée au 15, puis au n°21 de cette rue, mais non leur aspect général : une belle demeure en meulières claires soigneusement reliées par des joints saillants et agrémentée sur la façade principale par des plates- bandes de briques colorées disposées en quinconce aux linteaux de toutes les ouvertures  On retrouve ces décorations sur d’autres maisons de la rue, mais ici les angles sont décorés à intervalles réguliers par des pierres blanches ouvragées. Sans doute est-ce sur l’une d’elle qu’était apposée la plaque des oiseaux disparus ?

 

Mauricette et moi ne pouvons nous souvenir des constructeurs, qui vendent les « Rouges Gorges » avant notre naissance, le 30 mars 1920, à la famille Berton-Vallée, dont nous avons la chance d’avoir retrouvé un membre de la famille grâce à Annick Besnard : Jeannine Vallée, devenue Madame Zwang, une belle et grande Dame de 85 ans, aux souvenirs très vifs du quartier, où elle a vécu pendant sa pleine jeunesse de 1928 à 1935

 

La famille Berton-Vallée

 

C’est Adrien Berton, alors âgé de 35 ans, qui acquiert «  Les Rouges Gorges »par deux actes successifs de 1920 et 1923. Versaillais d’origine, Ville d’Avrien d’adoption, où il possède déjà deux maisons, il n’achète pas celle-ci pour lui, mais pour permettre à son vieux père d’y finir ses jours.

 

Adrien est un aventurier, devenu Ingénieur des Arts  et Manufactures. Il décide très jeune d’aller tenter sa chance dans une mine de cuivre de Bolivie à Corocoro, où il épouse à 25 ans une Bolivienne de 20 ans : Marie-Justine Rodriguez, née à Tarata, qui lui donnera trois enfants: Alain, Yvonne et Jeannette.

 

Adrien a une sœur célibataire de 10 ans sa cadette: Julienne, restée en France. C’est elle qui est chargée d’aider leur Papa Frédéric, ancien commandant sur la base de Satory, à finir dignement sa vie à Viroflay.

Elle se voit également confier par son frère, de 1923 à 1930, l’éducation d’Alain, né à Corocoro en 1912, afin de poursuivre au lycée Hoche de Versailles, des études qui lui permettront de devenir plus tard ingénieur chimiste.

 

Mauricette et moi avons connu Julienne, qui est très relationnelle. Par exemple elle fréquente les Bergère (actuellement maison Luxereau).Or, Alphonse Bergère travaille comme contremaître-tôlier à la S.N.C.A.S.O. de Courbevoie, avec un camarade qu’il invite un dimanche à Viroflay.

 

Ce camarade est Marcel Vallée. Il est veuf et par un heureux hasard, fait la connaissance de Julienne. Ils se plaisent et c’est ainsi que Julienne deviendra Madame Vallée qui désormais ne sera plus seule, pour assumer les soins au papa et l’entretien de la maison.

 

Le mariage a lieu en 1928. Marcel a une fille de son premier mariage : Jeannine Vallée. C’est elle qui nous reçoit dans son appartement parisien et qui se souvient très bien de la vie du quartier : avec Andrée et Jeannette Bergère qui sont de mon âge, nous sommes souvent invitées par les deux garçons Besnard : Elie (grand-père de François) et Auguste, à sortir avec eux dans leur « De Dion-Bouton » pétaradante. Quels bons souvenirs ! On comprend tout à coup l’utilité de la petite porte dérobée qui relie les jardins des deux voisins ! (voir le n° 22 de « La Giroflée Libre »).

 

Un dimanche, mon père fait une sieste, à l’ombre de l’épaisse haie de troènes qui nous séparent de la rue, lorsque la « De Dion-Bouton » dont les freins ont cédé, dévale la rue à toute allure pour terminer sa course dans la haie à quelques centimètres de papa, tout étonné de voir une auto près de lui à son réveil !

 

Julienne et Marcel donnent un petit frère à Jeannine en 1930, qui meurt durant la guerre d’Algérie en 1952. Ils habitent Viroflay jusqu’au décès de Frédéric en 1935 et partent ensuite, avec Jeannine, habiter Maurepas.

 

Le 15 octobre 1936, les Rouges Gorges sont loués par Henri Gagnardeau, né à Paris le 3 janvier 1914, devenu acheteur technique, et sa fiancée Simone, qui se marient à Paris le 21 novembre suivant, et désirent y installer leurs jeunes amours.

 

Adrien conserve son titre de propriétaire jusqu’au 29 avril 1938, date à laquelle il fait don de la maison de Viroflay à son fils Alain, tandis que ses deux filles reçoivent chacune une maison de Ville d’Avray. Adrien & Marie-Justine meurent très jeunes à 55 et 62 ans.

 

Jeannine Vallée nous précise qu’Alain, chimiste expérimenté, travaille sur les prothèses faciales et devient célèbre en créant un faux nez!

 

Il continue de louer la maison jusqu’au moment où la famille Gagnardeau, qui s’est agrandie, lui demande de l’acheter le 28 Juin 1955, ce à quoi il consent volontiers. Nous ne savons pas ce que sont devenus Alain, Yvonne et Jeannette Berton, qui ont habité longtemps à Ville d’Avray. Jeannine souhaite que « La Giroflée Libre » lance un avis de recherche à leur sujet !

 

La famille Gagnardeau

 

Se crée, vit et s’agrandit dans cette maison de 1936 à 1977. Pendant ces quarante longues années, le quartier connaît la bonne humeur d’Henri, son sourire jovial et moqueur, la gentillesse discrète pour les voisins rencontrés à l’Epicerie «Durocher» (lieu de rassemblement du quartier au 30 rue des Sables) et le dévouement sans faille de Simone qui, pendant des années, s’occupe jour et nuit de sa vieille Maman alitée.

 

Mauricette et surtout son frère Bernard, fréquentent leurs deux fils : Jean-Claude né en 1937 et Michel, né en 1944. qui s’entendent très bien et deviennent tous les deux Moniteurs d’Auto-Moto-Bateaux-Ecole.

 

Ils épousent deux sœurs Annick et Thérèse, qui viennent habiter les « Rouges Gorges ». Jean–Claude et Annick donnent naissance à Jean-Michel qui a aujourd’hui 33 ans.

 

La famille accueille aussi une petite fille : Ginette, dont Henri et Simone sont devenus Parrain et Marraine pendant leur séjour à la campagne lors de l’exode de juin 1940. Ginette fera partie de la famille et deviendra secrétaire à Paris.

 

Henri est notre second trésorier de l’Association Syndicale Autorisée de la Rue du Colonel Fabien. Il a les pieds sur terre et doute, comme Saint Thomas, que notre petite Association triomphe de la puissante Compagnie « La Nationale ». Aussi se réjouit-il avec nous de la victoire du Colonel Fabien !

 

Nous le retrouvons dans nos photos de construction de la rue, devisant en « robe des champs », son éternelle pipe à la bouche avec Jean Douin, notre 1er Trésorier.

 

Durant cette période de transformation de la rue du Colonel Fabien, les Gagnardeau se voient amputés d’un grand nombre de m2 de jardin, car ils doivent satisfaire à la fois à l’élargissement de la rue et au pan coupé sur lequel est implanté le poste de secours incendie. Ils l’acceptent avec le souci du bien commun et le sens civique qui les caractérisent.

 

Il règne dans cette maison une atmosphère de  «bien vivre », lorsque le malheur s’abat subitement sur elle : Jean-Claude meurt subitement le 20 septembre 1976, à l’âge de 39 ans, en attendant un client. Tandis qu’Henri, très affecté, le suit de la même façon le 4 Avril suivant, en visitant sa sœur Suzanne à Paris.

 

Quatre jours avant son décès, Henri et Simone Gagnardeau, est-ce une intuition ?, ont conclu la vente de leur pavillon à un jeune couple : Yann et Brigitte Paulin.

 

Désormais Simone partage sa vie avec ses enfants à Chaville, où elle décède le 4 Avril 1994, à l’âge de 81 ans. Nous rendons à sa mémoire, ainsi qu’à celle des siens, un hommage tout particulier.

 

La famille Paulin

 

Le 1er septembre 1977, arrivent dans la maison, dont l’entrée reste au n°21 de la rue des Sables, Brigitte & Yann Paulin âgés respectivement de 33 et 37 ans. Elle est secrétaire, il est ingénieur. Elle est aussi exubérante qu’il est calme et réservé.

 

Ils sont mariés depuis quelques mois et attendent la naissance de Philippe. Tous les trois font notre joie au cours de la Fête de l’Association, qui se déroule cette année là chez nos amis Luxereau, qui inaugurent leur terrasse.

 

Brigitte sera toujours partante avec Philippe pour toutes les activités du quartier et ils se produisent avec brio à toutes nos Fêtes, notamment lorsqu’elles sont costumées !

 

Par contre nous voyons beaucoup moins Yann qui passe tous ses loisirs à refaire tous les joints saillants de sa maison de meulière qui, il est vrai, se sont dégradés au cours du temps depuis 1909. Fêtes, dimanche et jours fériés nous le voyons grimpé sur son échelle, en train de gratter ce qui est mauvais et de refaire sans se lasser ce qui doit être bien fait. Il nous fait penser à Péguy selon lequel le barreau de chaise doit être aussi soigné que la chaise elle-même. La maison lui doit pour longtemps ce travail de fourmi qui lui conserve son aspect d’origine. A l’intérieur de la maison la seule transformation visible est celle de l’unification du salon et de la salle à manger.

 

La famille Paulin n’en profite pas longtemps car Yann et Brigitte se séparent et vendent leur maison en 1987.

 

Brigitte et Philippe déménagent au Clos St Vigor à Viroflay, tandis que Yann habite à Chatillon. Cependant l’un et l’autre veulent poursuivre leur adhésion à notre association et nous continuons de rencontrer Brigitte que nous accompagnons pendant la longue et pénible maladie qui l’emporte le 8 octobre1989 à l’âge de 44 ans.

 

Philippe rejoint son papa que nous revoyons avec sa nouvelle compagne, lors de notre Fête du 13 septembre 1997, où Bernard & Susan Clot les reçoivent à la « Ville aux Bois »

 

Depuis longtemps Yann souffre de la gorge. Il meurt de la même maladie que Brigitte à l’âge de 63 ans, au mois d’octobre 2001.

 

Philippe qui nous a fait part de cette triste nouvelle nous précise que son papa a voulu se remarier avant son décès et que sa belle-maman ne l’abandonne pas. En possession d’un bac professionnel  il a terminé ses études et trouvé un emploi qui lui permet d’avoir son indépendance dans l’ancien appartement de son père. Il nous demande de dire son bon souvenir à tous ceux qu’il a connu dans le quartier.

 

La famille Clot

 

Susan et Bernard achètent la maison par un acte du 22 juin 1987. Susan est née à New-York en 1943. Bernard est Ardéchois depuis 1941. Il est ingénieur informaticien. Le ménage a deux filles déjà grandes : Alexandra et Aurélie. La famille habite à Ville d’Avray, lorsqu’elle décide de s’installer à Viroflay, rue du Colonel Fabien.

 

La première constatation que le couple est appelé à faire avant la signature de l’acte notarié est celle de la superficie réelle du terrain par rapport à celle des actes d’origine cotés en surévaluation. Au lieu de 582m2, le terrain ne possède en réalité que 433 m2.

 

Mis en alerte, le syndicat de l’Association Syndicale Autorisée s’aperçoit que cette erreur a pour cause la cession gratuite des surfaces des terres à la municipalité de Viroflay, pour l’élargissement de rue à 8 mètres en 1972. C’est donc en réalité depuis cette date que toutes les transactions immobilières opérées dans la rue ont été faussées. Le litige est réglé à l’amiable entre les familles Paulin/Clot mais à partir de cette découverte, le Syndicat des Propriétaires n’aura de cesse d’obtenir de la Municipalité la régularisation de tous nos actes de Propriété, ce qui se terminera en1993 !

Avec Susan et Bernard tout va se transformer et s’embellir ! L’entrée du n°21 de la rue des Sables est annulée et remplacée par celle du n°1 de la rue du Colonel Fabien, à sa grande satisfaction ! De plus, une entrée de voiture, clôturée par un grand portail, de la même fabrication que celle du  portail d’entrée, est également réalisée. Une jolie clôture grillagée derrière laquelle sont plantés des arbustes de toutes espèces et de toutes couleurs assure l’intimité du jardin.

 

L’intérieur de la maison est agrandi de deux façons : une véranda située derrière la maison à rez de jardin donne l’impression d’en jouir sans se mouiller les pieds. Mais la plus belle trouvaille est d’avoir su utiliser le faible espace situé sur la face cachée de la maison, pour en faire un salon agrandissant la véranda, et d’aménager le grenier en bureau/mezzanine.

 

Sur la façade principale cet appendice a été savamment intégré, avec la meulière de même couleur et la création de porte et fenêtre décorées des mêmes dessins de briques que les quatre ouvertures principales.

 

Susan et Bernard s’intègrent très vite dans l’association de la rue du Colonel Fabien. Ils participent au succès de nos rassemblements : fêtes, salons du Vin, échanges de plans du Colonel, etc.

 

Susan est notre Présidente de 1995 à 1997. Nous lui devons la création de notre Gazette de quartier « La Giroflée Libre» lancée en 1995.

 

Susan et Bernard sont maintenant grands parents de cinq adorables petites filles : Justine, Clémence, Mathilde, Noémie et Célia, de sorte que Bernard est à la tête de huit femmes, lorsque la famille se retrouve aux Rouges Gorges. Heureusement, il peut compter sur ses deux gendres. Nous leur souhaitons à tous  de se retrouver souvent dans la chaleur du nid des « Rouges Gorges ».

 

Merci à Bernard, qui m’a aidé considérablement à agrandir mes horizons, lorsque je lui ai confié mon désir de rassembler en un livre les souvenirs du quartier des Sables. Merci à Susan, pour son apport à l’Association et notamment pour la création de « La Giroflée Libre », et sa présence à la fête de l’Au-revoir du 30 juin 2007. 

 

 

La grande guerre de 1914-1918 arrête toute construction, qui ne reprend qu’en 1921-22, avec la villa des « Hirondelles » tandis que François Lemaire voit le jour, dans une maison de Viroflay : la Villa Jeanne d’Arc ! 

 

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